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        BY MIC - DIKA PUNG

        A propos de 'DIKA PUNG'


        By mic, de son vrai nom Adolphe est un artiste atypique. L’originalité dont il fait montre n’est pas seulement musicale. Au carrefour d’un style hybride tributaire d’un mélange culturel entre le Sénégambie et la Guinée-Bissau, By mic si l’on veut parler Hip-hop moderne, Gomis Gaania si l’on serait tenté de ...

        qualifier ses influences musicales est un artiste hors-pairs. Mandjack, Diola, Mandingue, Socé, ouolof, Anglais, Français…, la palette linguistique de l’artiste est assez fournie. Ce mélange sacrosaint l’a toujours guidé dans sa carrière d’artiste-rappeur au point de donner comme titre sa mixtape « Dika Pung », une expression Mandjack qui signifie « quelque chose d’immuable, d’éternel, de pérenne, qui résiste aux vicissitudes et l’effet dévastateur du temps ». Dika pung est donc cette croyance inscrite dans la conscience collective et ancrée dans le subconscient Mandjack en ce que ses manifestations sont irréversibles. Le porteur du message acquière les reflexes d’un homme qui porte l’espoir de toute une communauté. Un mysticisme positif ajouté à une autre expression beaucoup plus révélatrice de sa dimension cultuelle. Car dans la croyance Mandjack, Dika pung est associé est toujours associé à « Ufup » qui consiste à un rituel sacré permettant dans certaines situations d’éclairer la lanterne des âmes. Un rituel où les esprits vont mettre à nue la vérité comme dans certains cas de vol, d’assassinat, de mauvais sort… Le « tour » ainsi appelé, permettra de châtier les coupables. Dès lors, on associe cette pratique mystique à Dika pung pour la nommer dans un terme générique « Ufup Dika Pung » c'est-à-dire que ce tour spirituel peut rester des milliers d’années. Le verdict rendu par le travail d’oracles avisés est irrévocable et sans appel aucun. Le choix de Dika Pung comme nom du projet n’est donc pas fortuit. Le culturel conjugué au cultuel offre un mélange musical de haute facture, une variété sans commune mesure. Quid de l’influence de Dika pung dans la musicalité ? Premier projet solo de By mic, Dika Pung est riche aussi bien dans la musicalité que dans le fond des sons. On y retrouve engagement, lyrisme personnel, ouverture à toutes variétés musicales… Dans la mixtape, chaque son est un Dika pung à part inscrit dans un esprit commun. Le son phare du projet est le featuring fait avec Touré kunda. Une belle manière de rendre à César ce qui lui appartient. Jusque là, ce groupe mythique de la Casamance voyait ses sonorités reprises de manière laconique sans aucune crédibilité. By mic, en reprenant leur son favori et plus connu des sénégalais, invite à plus de respect pour eux. Au-delà, le contenu du message est à priori un indicateur quant à son appartenance à la Casamance. De surcroit, il y pose dans un style moderne. Ce style se retrouvera dans un autre son du projet « Zig leu » où l’artiste chante les louanges de son zig qui lui tient à cœur. L’artiste qui « a balisé un chemin au rap Zig » fait un témoignage sincère, dénudé de fioritures à la ville qui a jalonné la quasi-totalité de son parcours, là où il a vécu les périodes de vaches maigres, là où, il s’afficha pour la première fois aux yeux du public. Un long cheminement qui épouse les formes d’un travail acharné de longue haleine. Une manière pour l’artiste de donner une identité singulière voire particulière à sa musique même s’il affirme toujours être dans deux groupes différents (Daraay Mbéd et Dacc Deup connection). Eternel solitaire, By mic l’a montré dans le son « I’m Alone » où il y fait un mea culpa, un long chemin de croix, un discours évocateur de ses appartenances musico-sociales : un artiste débout sur ‘’trois pieds’’ dira-t-il. Il faudra toutefois préciser que cette solitude dont il parle est une solitude positive, une solitude bruissant de souvenirs qui ont façonné sa vie d’artiste. Dika pung, précise-t-il n’est autre qu’une monnaie positive qu’il rend à ses éternels compagnons. Un esprit positif qu’il développa dans le son « Kawara » qui signifie doublement « ça ira mieux » ou « beauté ». Un son (en off, un sampling de Mama Africa de Brenda Fassy) qui transperce nos frontières car Kawara s’adresse au continent africain qui, pillé de toute part n’a aucun moyen de survie. Loin de faire dans l’utopie, l’artiste nous montre que si l’Afrique continue à être pillé, ses fils ont une part de responsabilité face à ce carnage sans précédent. Somme toute, l’espoir est permis, pas n’importe lequel, Dika pung serait ce vent nouveau que l’artiste insufflera à la jeunesse africaine qui doit se lever et se battre pour leur continent, véritable convoitise des puissances mondiales et qui ne sont pas prêt à s’arrêter en si bon chemin. Chaque artiste ayant une appartenance ethnique, By mic ne se cache pas, il n’y va même pas par deux chemins. Il s’affirme et met en exergue son origine Mandjack, originaire de la Guinée-Bissau. La mission, sa mission à lui, consiste non seulement à se faire une place dans le Game mais aussi de représenter cette communauté qui a sa place dans le Rap et qu’elle doit assumer et assurer avec force. La mission s’affirme clairement dans le son « Ganiaa la » véritable cri de cœur gage d’une reconnaissance à la communauté Mandjack. Dans le projet, les classiques (old school) feront peut-être le reproche d’une absence de sonorités purement classique. Si leur crainte serait légitime, le revers de la médaille laisse voir que Dika Pung est d’abord une histoire de concept et d’affirmation culturelle. Les sons sont faits sur la base d’un mélange qui touche toutes les couches sociales, toutes les sensibilités artistiques. Pour s’en convaincre, on retrouve dans le projet de l’Egotrip, du trappe (même si c’est du trappe autrement, décalé complètement de la tendance. L’artiste respecte les règles musicales et est très consciencieux surtout quand il s’agit de la diction), du thème. Sur le plan de l’ouverture musicale, des featurings ont été faites avec des artistes talentueux. Un son comme « Ego » fait avec Leuz Diwane G est révélateur du style multiforme de l’artiste. Semi-egotripe-semi-autobiographique, ce son est une vraie prospection de la carrière de l’artiste qui veut être au sommet, une légende, un model de vie. Un son qui s’inscrit dans une même logique que « Légendary » fait avec ses anciens compagnons de guerre, avec qui, il est conscient de gravir les échelons de sa carrière. Dans un registre autre, les classiques se retrouveront plus dans le tube « lu ni ci done » featuring Deep Dose. Une occasion de faire une opposition de style entre lui et Deep Dose qui est aussi, rappelons-le membre de Dacc Deup. Dans cette même vague, il a fait des featuring avec Ngaaka Blin-D dans le son « slow down » un mélange de trappe sur un fond musical moderne. Un son, qui comme « Hangover » featuring Jailer Bangz concilie rap et fun pour laisser une place à la nouvelle génération ivre de voluptés musicales en vogue en ces temps modernes. Dans « Na nice » featuring P-Melo, on retrouve un style musical hors norme où il y fait un mélange sur la base de trappe et de reggae. Deux sensibilités qui, en principe ne font pas bon ménage. Mais, la manière dont le featuring s’est fait enchante. On serait même tenté de proposer le son à la vieille Jamaïque si conservatrice. L’esprit de l’amour plane aussi dans le projet. Mais, By mic prend ses distances quant à la tendance des sons d’amours. Dans un style de correspondance musicale, le son « I be back » feauturing Léna est l’histoire d’un immigré qui dialogue avec sa femme resté au pays. Un clin d’œil à tous ces hommes restés dans l’autre bout du monde qui doivent rentrer un jour ou l’autre, une brave femme les attendant dans le doute et dans l’incertitude. De l’Egotrip pur et dur, l’artiste en vend. Dans le son « Dem », le seul tube du projet où il pose Egotrip seul, il montre qu’il part dans un monde, un Game qu’il va forcement conquérir. Dika Pung est donc une prophétie, un message. L’artiste en est conscient. Dans le son « Salam dou Ame », il alerte les hommes sur la situation actuelle sénégalaise inscrite dans une logique mondiale en totale perdition. L’on manque de repère souligne-t-il. L’artiste souligne qu’on a laissé en rade le lègue de nos ancêtres et guides religieux qu’il nous faut retrouver coute que coute. « Les morts ne sont pas morts » dira-t-il dans le son R.I.P featuring Big Zay, son compagnon de Daaray Mbéd. L’artiste rend hommage aux morts qui prient pour nous autant que nous prions pour eux. Dans le refrain, Big Zay y pose en Mandingue, une autre sensibilité musicale. Pour couronner le tout, l’artiste est sensible au vécu du sénégalais lambda. Ce sénégalais qui trime du matin et soir à la recherche du pain quotidien. By mic nous fait découvrir dans le son « No Limit » deux types de sénégalais. Le sénégalais bourgeois, fils-à-papa, celui qui est toujours devant. « On est certes tous les mêmes, mais la règle ne vaut que pour les démunis ». Ce bout de phrase péremptoire du refrain est évocateur de la situation du Sénégal. Un capital humain aux contours variables où les riches surexploitent les pauvres dans un cycle éternel où les mêmes fils de ces richards reviendront nous gouverner et asservir nos enfants. En somme, Dika Pung est un esprit qui vient à son heure dans un Game en manque d’identité. By mic apporte ainsi sa pierre à l’édifice pour un Hip-Hop galscène ancrée dans les réalités socioculturelles même s’il faudra s’ouvrir à l’international. Le choix musical est la charpente du projet car il démontre les influences de nos réalités sur la musique, lui conférant sa véritable identité. En attendant, Dika Pung « chemine et ne se retourne guère » car conscient qu’il est une mission sociale : Rendre à la musique de rue sa véritable identité culturelle.

        TITRES INCLUS :


        Autres albums de BY MIC

        BY MIC

        Senegal

        Knal 4

        Hip Hop
        22-04-2017
        BY MIC Gaania,Dika Pung,Knal 4,Rap Galsen,Hip Hop
        01:35:12
        76.47 Mo

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